Tout d’abord, il faut reconnaître qu’il y avait beaucoup moins de nouveautés à présenter cette année. Les TechDays 2010, c’était une nouvelle version de Visual Studio .NET, une version majeure de .NET, TFS qui arrivait, le Cloud qui apparaissait. Cette année, rien de tout cela, mais une année de consolidation, on va dire.
Clairement, le message mis en avant par Microsoft est celui de la simplicité. Il faut faire voir que toutes ces nouvelles technologies sont puissantes, oui, mais qu’elles ne sont pas trop compliquées à mettre en oeuvre. OK pour certaines, mais le message était parfois un peu trop martelé, et plusieurs orateurs utilisaient tellement de fois les mots “simplement”, “juste”, etc. que ça virait au “Yakafokon”… Avec des dérives parfois, en s’émerveillant parfois que déployer un site web ou changer une fonte soit si simple dans SharePoint. Ben oui, en même temps, je ne vois pas pourquoi il faudrait pomper trois fois ou manipuler du XML pour ça…
Tant que je suis dans la critique, ça serait bien que les orateurs préparent encore mieux leurs environnements. OK, ce n’est pas toujours facile. J’en sais quelque chose, j’ai fait pas mal de démos dans des conférences, et il y a toujours un petit message qui fait suer… Mais bon : qui mieux que Microsoft peut savoir comment configurer les droits pour ne pas avoir un avertissement de la sécurité d’IE par exemple. Or, ça arrive toujours souvent de voir les démos réalisées avec un utilisateur ADMIN, ou en cliquant sur OK à fond la caisse pour éviter le message de sécurité.
De même, quand il y a un problème de lenteur, arrêtez par pitié de nous expliquer que c’est parce qu’ASP.NET se lance pour la première fois : on le sait tous qu’il y a une phase de génération, sauf que nous, quand on démontre à des clients, on fait l’effort d’avoir réalisé un premier essai à blanc pour ne pas avoir d’attente. Et blâmer la lenteur des machines virtuelles alors qu’une session autre part démontre que la différence avec l’équivalent physique n’est que de quelques pourcents est également une excuse pourrie. Pourquoi ne pas avouer tout simplement que c’est lent pour l’instant, mais que ça marche ? La prochaine version optimisera, voila…
Allez, je me lâche, et je finis avec deux critiques : un orateur doit parler correctement. Je sais que notre domaine est bourré de mots anglais, mais les prononcer proprement serait bien. Ou s’ils sont traduits, pitié : pas de francisation à la hâte. “Adresser un problème” ne veut rien dire en français, pas plus que “lancer une requête contre un serveur”. Franchement, je regrette Eric Mittelette et Mitsuru Furuta, qui s’expriment bien mieux que ça. Ils ont souvent laissé la place à des gens certainement tout aussi compétents, mais manquants cruellement de dons pour la présentation. On ne demande pas un show à la Steve Jobs, mais un minimum de préparation.
Dernier truc, mais je pense que c’est plutôt extérieur à Microsoft : jusqu’où va aller la sécurité ? Impossible de rejoindre une personne sur les stands parce que la session générale est en route ! Impossible de descendre manger ses sandwiches à l’extérieur ! Badge lus et relus à chaque escalier, avec les agents qui bloquent avec leur bras pour ne laisser monter que vingt personnes à la fois… On va où, là ? Cette infantilisation commence à sérieusement me gonfler, et il ne faudra pas s’étonner si quelqu’un pète un plomb un jour : la chaleur, la densité humaine, le fait de toujours courir pour arriver vingt minutes en avance aux sessions intéressantes en ayant une chance de pouvoir entrer sont déjà suffisamment pénibles. Si les mesures de sécurité deviennent aussi chiantes, bien joué les terroristes, non seulement vous aurez tué 5000 personnes il y a dix ans, mais en plus vous aurez réussi le tour de force d’en faire chier des millions depuis 2001…
Voilà, c’est fini pour l’opération râlerie 🙂
Mais il y a beaucoup de positif : la maturité de F#, celle de Mono qui devient de plus en plus impressionnant, l’impression globale de maîtrise technologique et surtout stratégique de Microsoft : les produits sont bons, mais Microsoft devient vraiment meilleur dans la façon de les justifier par des études sérieuses. TFS est justifié du point de vue de la gestion de projet, et non pas comme build ou gestionnaire de code source, ce qui n’aurait aucune valeur. Le Cloud est argumenté d’un point de vue financier, avec des chiffres à l’appui, et des arguments qui font mouche.
Bref, on ressort comme d’habitude avec la ferme intention de tout mettre en pratique et des rêves plein la tête. Encore faudra-t-il que Microsoft fasse un effort de clarté sur les licences et les modes de mise en oeuvre, car c’est souvent un gros frein à l’adoption : même les employés de Microsoft sur les stands étaient peu clairs sur les licences et les prix. J’ai personnellement l’expérience d’un projet sur PowerPivot abandonné pour cause de manque total de clarté sur le coût. Je n’ai pas l’impression que ça aille en s’améliorant, et c’est un avis apparemment très partagé, d’après de nombreuses discussions sur les TechDays et auparavant. Malheureusement, je pense que Microsoft n’est pas encore conscient de la perte de projets due à leurs licences absconses. Je sais que des institutionnels penchent vers l’open source moins pour la gratuité que pour la simplicité des licences. S’il faut mettre une personne à mi-temps pour gérer les licences, ça finit par représenter un sacré surcoût…
En conclusion : bien joué les techniciens chez Microsoft, mais pour les commerciaux, rappelez-vous le message de Steve Ballmer qui avait martelé 17 “Thank you” hurlants aux partenaires Microsoft : votre valeur est dans ce que vos partenaires font de vos produits. Les produits sont techniquement et stratégiquement excellents. Il ne tient qu’à vous d’aller au bout de la logique et de rendre leur adoption tellement simples que vous deviendrez au logiciel ce qu’Apple est aux portables et aux mobiles : non seulement bon, mais visionnaire.
Mais tout ceci n’est que mon ressenti…