Présentée par Bernard Ourghanlian, le Léon Zitrone de Microsoft. Cultivé, précis, très bon orateur, c’est vraiment un plaisir d’avoir une plénière présentée par cette figure de Microsoft.
Le Test de Turing consiste pour une machine à ne pas être différenciée d’un humain par un interrogateur pendant 5 minutes. Nous ne sommes peut-être plus si loin (une quinzaine ou une vingtaine d’années) de ce point de l’Histoire… L’orateur cite Ray Kurzweil : The Singularity is near, la singularité en question étant une fusion cybernétique entre le cerveau humain et son équivalent informatique.
Transport, Education et Santé vont être envisagés dans la conférence, dans le cadre des agents personnels intelligents s’adaptant au contexte. Le premier exemple donné est celui d’Angie, une plateforme ouverte de création d’agent personnel. Sur de l’acquisition vocale, des traitements sont faits dans le Cloud, qui utilise des marchés de compétences (ex : prix de l’essence, programmes TV, etc.). Le résultat n’est pas encore parfait, peut-être surtout à cause de la reconnaissance vocale, mais les résultats sont intéressants : c’est la première fois que je vois une application qui peut donner une impression fugace de compréhension. On est donc encore loin du Test de Turing, mais les chercheurs progressent.
Ensuite, un besoin est présenté : savoir retrouver dans 100 ans les données des Tech Days 2012, par exemple. Il faut voir que des écritures anciennes sont toujours connues, alors que ce ne sera peut-être pas le cas pour les données numériques actuelles. Pas sûr que ce soit une bonne approche de vouloir systématiquement garder la totalité de nos connaissances, toutefois : le processus d’évolution doit s’appliquer aussi sur les connaissances, potentiellement inutiles voire parasites, et qui disparaissent naturellement. Mais ça, ce n’est que mon opinion.
Le parallèle est ensuite réalisé avec Pompei, pour laquelle on a une maquette virtuelle qui va permettre de faire voir aux générations futures ce qu’était la ville, sachant qu’elle ne fait que se dégrader depuis sa découverte. Bonne idée de Microsoft de faire intervenir une archéologue, car les croisements de sciences sont toujours bénéfiques à tous. C’est important pour des développeurs de ne pas rester le nez dans le code : on trouve plus de bonnes idées en réfléchissant à des domaines qui ne sont pas liés directement.
Le mashup est mis en avant de manière tellement forte qu’on pourrait croire qu’il va remplacer la création effective de connaissance à partir d’une réflexion. Personnellement, ça me gêne un peu, surtout que je passe mon temps à expliquer à mes étudiants en veille technologique qu’une bonne étude n’est pas une simple concaténation d’informations piochées sur internet, mais une réflexion menée sur ces sources, de façon à les connecter. De la même manière qu’un cerveau vaut plus par ses synapses (connexions) que par ses neurones (stockage), une bonne étude n’est pas un simple assemblage de données, mais leur enrichissement par un apport intellectuel. C’est, je trouve, la limite de cette démo de la plénière : c’est bien de pouvoir agréger et diffuser facilement de la donnée, mais ça n’apporte pas grand chose…
La santé est abordée sous l’angle de la dépendance des personnes agées, avec la possibilité d’une assistance par robot. Rien de très nouveau là-dedans, et nous sommes même plutôt en retard sur ce qu’on peut trouver sur les robots japonais d’assistance personnelle.
La suite est une démo impressionnante de Kinect Fusion, qui permet de reconstruire instantanément un contenu en 3D en observant simplement le champ de profondeur pendant le déplacement. Le mouvement de la caméra est immédiatement compensé par un rafraîchissement du rendu 3D, et une forme peut être capturée pour le 3D Printing.
La conclusion de Bernard Ourghanlian est que “Les mondes réels et virtuels peuvent s’interpénétrer”. Le final est sur l’oeil de HAL qui surveille l’orateur, ce qui n’est pas très rassurant, il faut bien l’avouer. Et nous partons sur Ainsi parlait Zarathoustra, en se disant que, quand même, il ne faudrait pas oublier que le réel est la base, et que le virtuel ne fait que s’ajouter.